(Mantes-la-Ville, 1935). Con el libro Entre nuit et soleil (Gallimard, 2010) obtuvo el Premio de Poesía Pierrette Micheloud.
Shumona 1. Rosa: El silencio se hizo manantial Y viaje perfecto. Impronunciadas las palabras permanecen En un umbral. Rosa: Éxtasis y regocijo, el tiempo Es mi territorio Entero Sin deriva. Rosa negra rosa feliz Rosa amante rosestrella Entraste en el espejo de los huesos Y de la sangre La noche irradia El día está cercano. 2. En mí resuenan tus pasos Te llamaré memoria Embriaguez o número Te haré el don de un lirio Y de la primavera tardía. Te llamaré alba Rueda de los bosques intensos Yo que nunca viví Sino de noche perpetua Yo que fui sólo duda. Eres tiempo que se acumula Mi tierra simple Mi libro de antes de la vida La gran lección del crepúsculo Mi orilla mi castillo durmiente. Henos aquí presos en la cadena de las imágenes Con rupturas y rodeos acercamientos alcances Los ojos vueltos hacia extrañas luces En mí tus pasos resuenan preceden las palabras La sombra está en llamas carne con carne La noche se derrumba. 3. Hay el azul de las brechas y los horizontes pálidos Hay que pienso en la higuera como En la perfección del sueño Hay que el cielo se inclina dentro de nosotros Y se levanta: hay la juventud de las aguas. Hay un icono al fondo de un templo Y el tiempo que se inscribe todo en ti Hay este poema que se te asemeja Una rosa pura para siempre Rosa negra la rosa de tu voz. Hay un arco por encima del frío Algo que respira muy cerca de aquí Yo te escucho ¿soy yo? ¿eres tú? Hay un manantial que no se agota. 4. Lo que se desplaza de una palabra a otra Quizá sea la mañana Lo que recibe la sombra Es el silencio y la luz de tus ojos. Lo que llegará Tal vez sea un tiempo sin medida Tantas noches tantos días como siglos En la maquinaria de tu mirada. Y lo que pasa por tu voz Brilla en agua profunda Como un pensamiento sepultado En el ojo de la frescura. 5. Entonces llegaron las noches de nuestro nacimiento Las mañanas poemas los días de fulgor Subimos desde la tierra hasta las nubes El mundo murmullaba en nuestro entorno como Una zarza de aves silvestres Yo te veía en todas las formas del sueño En el perfil de las flores que se te asemejan En las palabras que se posan en tus labios Por ti edifiqué nombres siempre nuevos La estrella y yo hablamos la misma lengua Y te busco, abismo En la profundidad feliz De esta niebla de oro. 6. Inscripción en el sueño: ¿cómo vivir en los círculos, entre los signos? ¿Qué oficio para el que da paso Que busca el altamar y la otra orilla Ese lugar sagrado del tiempo? ¡Oh mi iglesia! ¡mi barca entre los sauces! Tu cuerpo es un sol velado un bosque de olores. Y yo cuido Del alfabeto de los alientos Por lejanías de arena Y la cuestión del viento. La sombra no me alcanza Todo es memoria Y todo es comienzo.
Versiones del francés de François-Michel Durazzo.
Shumona
1.
Rose : / Le silence est devenu source / Et voyage parfait. / Imprononcés les mots demeurent / Sur un seuil. // Rose : / Extase épanouissante, le temps / Est mon territoire / Entier / Sans dérive. // Rose noire rose heureuse / Rose aimante rose-étoile / Tu es entrée dans le miroir des os / Et du sang / La nuit rayonne // Le jour est proche.
2.
En moi tes pas résonnent / Je t’appellerai mémoire / Ivresse ou nombre / Je te ferai le don d’un lys / Et du printemps tardif. // Je t’appellerai aube / Roue des intenses forêts / Moi qui n’ai jamais vécu / Que de nuit perpétuelle / Moi qui ne fus que doute. // Tu es du temps qui s’accumule / Ma terre simple / Mon livre d’avant la vie / La grande leçon du crépuscule / Ma rive mon château dormant. // Nous voilà pris dans la chaîne des images / Avec ruptures et détours approches atteintes / Les yeux tournés vers d’étranges lumières / En moi tes pas résonnent devancent les mots / L’ombre est en feu chair contre chair // La nuit s’écroule.
3.
Il y a le bleu des brèches et des horizons pâles / Il y a que je pense à un figuier comme / A la perfection du sommeil / Il y a que le ciel penche au-dedans de nous / Et se relève : il y a la jeunesse des eaux. // Il y a une icône au fond d’un temple / Et le temps qui s’inscrit tout entier en toi / Il y a ce poème qui te ressemble / Une rose à jamais pure / Rose noire la rose de ta voix. // Il y a une arche au-dessus du froid / Quelque chose qui respire tout près d’ici / Je t’écoute est-ce toi est-ce moi / Il y a une source qui ne finit pas.
4.
Ce qui se déplace d’un mot à l’autre / C’est peut-être le matin / Ce qui reçoit l’ombre / C’est le silence et la lumière de tes yeux. // Ce qui viendra / C’est peut-être un temps sans mesure / Autant de nuits autant de jours qu’il y a de siècles / Dans la machinerie de ton regard. // Et ce qui passe par ta voix / Brille en eau profonde / Comme une pensée ensevelie / Dans l’œil de la fraîcheur.
5.
Alors sont venus les nuits de notre naissance / Les matins-poèmes les jours d’éclat / Nous sommes montés de la terre aux nuages // Le monde bruissait autour de nous comme / Un buisson d’oiseaux sauvages / Je te voyais dans toutes les formes du sommeil / Dans le profil des fleurs qui te ressemblent / Dans les mots qui se posent sur ta bouche // J’ai bâti pour toi des noms toujours neufs / L’étoile et moi parlons la même langue / Et je te cherche, abîme / Dans la profondeur heureuse / De cette buée d’or.
6.
Inscription dans le sommeil : / comment vivre / dans les cercles, / parmi les signes ? / Quel emploi pour un passeur / Qui cherche / le large et l’autre rive / Ce haut lieu du temps ? // Ô mon église ! / ma barque entre les saules ! / Ton corps est un soleil voilé / une forêt d’odeurs. // Et moi je veille sur / L’alphabet des souffles / Sur des lointains de sable / Et la question du vent. // L’ombre ne m’atteint pas / Tout est mémoire / Et tout est commencement.