Mucho enfermo y mucho mælström por la familia alucinada y por el frente de liberación nacional (1*), veo calcinados montados, atados fuertemente sobre zancos… Miro la escena en otoño, con música y tambores de desfile. Es como chistoso, pero nada de reírse, ni siquiera mueca y el asunto acaba mal: los calcinados, los atados fuertemente sobre zancos se caen derrumbándose, se estrellan sobre sí mismos, en sí mismos y ni un alma… Aquí, ¡esto no es más que morir!
Dime, tesoro-papá, mis guerras civiles,
dime, tesoro cadáver de belleza que todo me aclara.
Yo era suaves entregados ante tu estado que ya no es.
Las cosas que hace uno con su alma arruinada.
Se acabó, el corazón trashumante, las sangres.
Uno envuelve el gran cuerpo, estoy en el mundo.
Es este transitar a menos cero; adiós, afuera,
es el dragón quien me toma,
dragón-papá, no es tu voz, sino tus lenguas en mí.
Es lo blanco caído, deslices sobre nieve,
largas pistas de hielo, ojos que se invierten.
Esto surge del día del recuerdo para hacerme el herido
grave.
Soy todos los cuerpos sin deseos,
digo que sí, quien sea.
Un día, escombros, día siguiente, escombros.
Los últimos días se imponen, estoy invadido.
Es en la nieve alrededor de las barracas.
Blanco será mi descenso, azul, con una bandera:
mi padre es retratado tendido.
Su trozo de piel con un arma en la mano que
no se ve.
No poseo corazón alguno.
Mamá-papá, papá-mamá, vamos a la violación
y es mi última palabra sobre la ira,
esto no tiene lengua íntima,
está muerta toda esta historia, estoy ladrado,
les tiendo mi jeta, nada pueden decir.
Están ustedes todavía de pie, de pie y el cuchillo
que ahí dejaron en medio de mi cabeza.
Otra vez, me deshago la cara, me estiro ciego,
vertical.
Volverme los restos de papá, mamá, con las erecciones,
y tragar el carbón de los arcángeles.
Ofrezco algunas espirales que llevo conmigo…
Soy devorado de pie, descrito hasta el final.
Es un hasta pronto, lo tengo todo falso;
somos sobre todo espaldas, huesos, durmientes duros.
Qué, quién, los papás que nunca cantan,
quién, con la boca cosida
quién, qué, los que yacen
sobre camas al aire libre, caídos de bruces, bolsas vacías.
Veo un sexo, entro y sin salir,
soplando, silbando en los grandes abetos verdes,
tapo el mundo y desaparece…
Siempre el cuerpo de nosotros dado a lo imposible,
mamá, candado,
pura fugitiva que huele bien:
mis espíritus uterinos hablan con una sola voz;
entre nosotros, jamás nos nombramos las cosas genitales.
Cuánto papá derrumbado en la realidad.
Otra vez yo, sus esposas sobre banquisa.
Soy foca y foca,
las necesidades del cadáver que uno se deshace de las cosas,
tiras de tela y ropa interior,
pieles extendidas encima de las camas:
es la antropología de las prendas vacías.
La hermanita tiembla y muere en un arroyo,
el hermanito sube y baja las escaleras, una vez,
cien veces para nada,
y el último sapo ya no es lo que decía ser.
Los tres eran, ya no queda uno solo…
Era yo mismo, estaba acabado, me movía, no soy
más…
Las cosas, van a caer.
Papá, mamá, el obrero, todos.
Érase, estaba, cómo nombrar el ser,
para tenerlos, para alimentarlos en la mano izquierda…
Tendré crímenes.
Dime, tesoro-papá, mis guerras civiles
el otoño (2*),
cabeza de lodo, dime, a la belleza que todo me alumbra,
soy enteramente la lengua de quien sea o su
sangre todavía.
Envuelven el gran cuerpo, llegué entonces al mundo,
más abajo que él mismo, cuando no hay más que el enigma de un
trashumante,
es un error, aquello, es un ventrílocuo, soy yo,
quién, qué.
Versiones del francés de Françoise Roy
Portrait de Famille
Beaucoup malade et beaucoup mælström par la famille hallucinée et par front de libération nationale, je vis des calcinés montés, ficelés fort sur des échasses… Je regarde la scène en automne, avec musique et tambours de parade. C’est comme drôle, mais pas rire, même pas grimace et ça finit mal : les calcinés, les ficelés fort sur des échasses perdent pied et s’écroulent sur eux-mêmes, en eux-mêmes et pas d’áme qui vive… Ici, ça ne peut être que mourir !
Dis-moi, trésor-papa, mes guerres civiles, / dis-moi, trésor cadavre à la beauté qui m’éclaire tout. / J’étais des doux donnés avant ton état qui n’est plus. / Les choses qu’on fait avec son âme ruinée. / Finis, le cœur marcheur, les sangs. / On emballe le grand corps, je suis au monde, / C’est ce passage à moins zéro ; adieu, dehors, / c’est du dragon qui me prend, / dragon-papa, c’est pas ta voix, mais tes langues en moi.
C’est le blanc tombé, glissades sur neige, / patinoires longues, des yeux qui s’inversent. / Ça surgit du jour du souvenir pour me faire le blessé / grave. / Je suis tous les corps sans désirs, / je dis oui, n’importe qui. / Un jour, décombres, lendemain, décombres.
Les derniers jours s’imposent, je suis envahi. / C’est dans la neige autour des baraques. / Ma descente sera blanche, bleue, avec un drapeau : / mon père est photographié couché. / Son bout de peau avec une arme dans la main qu’on / ne voit pas. / Je ne possède aucun cœur.
Maman-papa, papa-maman, on va au viol / et c’est mon dernier mot sur la foudre, / ça n’a pas de langue intime, / c’est tout tué cette histoire-là, je suis jappé, / je vous tends ma gueule, vous en sortez des aphasies. / Vous avez encore la posture droite, droite et le couteau, / laissé là au milieu de ma tête.
Encore, je me défais le visage, je m’étire aveugle, / vertical. / Devenir les restes de papa, maman, avec les érections. / et avaler le charbon des archanges. / J’offre quelques spirales emportées… / Je suis mangé debout, raconté à finir. / C’est au revoir, j’ai tout faux ; / on est surtout des dos, des os, des dormants durs.
Quoi, qui, les papas qui ne chantent jamais, / qui, la bouche cousue, / quoi, qui, ceux qui gisent / sur lits à ciels ouverts, tombés à plat, sacs vides. / Je vois un sexe, j’entre et pas sortir, / soufflant, sifflant dans les grands sapins verts, / je bouche le monde et ça disparaît…
Toujours le corps de nous donné à l’impossible, / maman, cadenas, / pure échappée qui sent bon : / mes esprits utérins parlent d’une seule voix ; / entre nous, on ne se nomme jamais les choses génitales.
Combien papa effondré dans la réalité. / Encore moi, ses épouses sur banquise. / Je suis phoque et phoque, / les nécessités du cadavre qu’on se débarrasse les choses, / bandelettes et linges de corps, / peaux étendues au-dessus des lits : / c’est l’anthropologie des vêtements vides.
La soeurette tremble et meurt dans un ruisseau, / le frérot monte et descend les escaliers, une fois, / cent fois pour rien, / et le dernier crapaud n’est plus ce qu’il disait. / Les trois étaient, il n’en reste plus un seul… / J’étais moi-même, j’étais fait, je bougeais, je ne suis / plus… / Les choses, ça va tomber. / Papa, maman, l’ouvrier, tous. / Il y avait, il était, comment nommer l’être, / pour les avoir, pour les nourrir dans la main gauche… / J’aurai des crimes.
Dis-moi, trésor papa, mes guerres civiles / l’automne, / tête de bouc, dis-moi, à la beauté qui m’éclaire tout, / je suis entièrement la langue de n’importe qui ou son / sang toujours. / On emballe le grand corps, je suis donc au monde, / plus bas que soi, quand il n’y a que l’énigme d’un / marcheur, / c’est une erreur, ça, c’est un ventriloque, c’est moi, / qui, quoi.
(1*) En este poema, el autor se refiere a la crisis política que desencadenó en Quebec, en octubre de 1970, la actuación del flq, un grupúsculo independentista armado (n. de la t.).
(2*) Referencia doble a la temporada del año y a la crisis política de octubre de 1970 que generó el secuestro y asesinato de un diputado por presuntos activistas independentistas (n. de la t.).