Estamos cara contra tierra
        Como animales cansados
        Laurent Gaudé
i
       Es cuerpos de noche a gran velocidad.
        Cabezas es cabezas —a quienes pertenecen ellas— acordonadas
        a lo largo de un muro de sombra. Cajas y galopes. Impresiones de
        fantasmas desfilan. En cada ventana encajes humanos.
        Como si ellas aullaran. Todo se acelera. Tanto los mordiscos 
        cuanto la compasión.
        Tu corazón mi corazón y todo el resto. El sesgo de 
        la historia. Sus vanidades. Como sufrir y traicionar. Y callar todo. 
        Hasta nuestras exigencias de remordimientos. Hasta que nuestros gestos 
        no sean más que gestos. Sin látigo ni terror en sus turbulencias.
        Sin turbulencias incluso.
                    
Con las manos empujábamos desiertos —insoportable 
        dulzura.
ii 
         
               La historia se empaca. Algo de la cruz y de la 
        planta en nuestros puños. En pleno silencio sólido. En las fricciones 
        de la madera. Casi no se escucha. En varios delira sobre 
        fondo de infierno. 
        A dónde se van los segmentos de murales —nuestros— dispersos.
        Sollozos huesos choques gritos miedos oscilantes. Recortes de cuervos
        ventosas pegadas a nuestros dorsos. Dónde buscar el envés del mundo.
        Dónde llorar los corredores de voces vidas robadas. Qué sucederá 
        después —desconcierto de nuestras nucas ásperas acariciando el suelo. 
        Las tendríamos tan deseadas suntuosas.
       Bajo la línea del horizonte la fatiga. Tumba. Anónimo 
        sosiego se diría. Justo después de la lamentación. Y sin embargo
        algo continúa ladrando dentro de nuestras palmas. 
                               
        Versión del francés de Silvia Eugenia Castillero
        Une déploration 
        Nous sommes face contre terre 
        Comme des animaux fatigués
        Laurent Gaudé
i
        C’est corps de nuit à toute vitesse. / Têtes c’est têtes — à qui appartiennent-elles — cordées / le long d’un mur d’ombre. Cages et galops. Impressions de / fantômes défilent. À chaque fenêtre des dentelles humaines. / Comme si elles hurlaient. Tout s’accélère. Tant les morsures que les pitiés. / Ton cœur mon cœur et tout le reste. Les partis pris de / l’histoire. Ses vanités. Comme souffrir et trahir. Et tout taire. / Jusqu’à nos exigences de remords. Jusqu’à ce que nos gestes / ne soient que gestes. Sans fouet ni terreur dans leurs remous. / Sans remous mêmes. // Des mains nous pousseraient désertes — insoutenable / douceur.  
        ii
        L’histoire s’emballe. Quelque chose de la croix et de la / plainte dans nos poings. En plein solide silence. Dans les heurts / du bois. On ne s’entend presque plus. À plusieurs sur fond / d’enfer ça délire. / Où s’en vont les pans de fresques — de nous — éparses. / Sanglots os chocs cris peurs battantes. Découpes de corneilles / ventouses collées à nos dos. Où chercher l’envers du monde. / Où pleurer les corridors de voix vies volées. Qu’adviendra-t-il / après — désarroi de nos nuques rauques caressant le sol. / On les aurait tant désirées somptueuses. // Sous la ligne d’horizon la fatigue. Tombe. Anonyme / apaisement on dirait. Juste après la déploration. Et pourtant / quelque chose continue d’aboyer dans nos paumes.